PASCAL LAMY

ANCIEN DIRECTEUR GENERAL DE L’OMC

23 FEVRIER 2021

Présentation : Eglantine Le Fort et Inès Rabhi

Interview : Victor Ramzi

       Avec sa récente nomination à la tête de l’Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala entend apporter un nouveau souffle à une OMC en souffrance. Ancienne ministre des finances du Nigéria, première femme à diriger l’OMC, elle devra faire face à des défis toujours plus nombreux. Entre les velléités protectionnistes de certains et les risques de guerre commerciale entre pays développés et émergents, avec en tête d’affiche les USA et la Chine, l’OMC est ralentie. « Je pense que l’OMC est trop importante pour être ralentie, paralysée et moribonde », souligne sa nouvelle directrice. A ces ralentissements économiques s’est joint la crise du COVID-19. L’OMC se trouve donc dans une position délicate mais doit assurer son rôle de facilitateur, notamment en matière d’accès aux vaccins par exemple. Que tous soient égaux dans la lutte face à la pandémie sans que des tendances au repli sur soi ne fassent surface, voilà les objectifs de Ngozi Okonjo-Iweala.

       Mais ces vœux pieux peuvent-ils aller de pair avec une nouvelle époque qui s’ouvre : une époque de circuits courts, avec une place de choix redonnée aux Etats-nations ? Le courant du multilatéralisme ne s’est-il pas inversé ? Autrement dit, les objectifs écologiques allant dans le sens d’un rapprochement des sites de production et de consommation, ces relocalisations risquent de freiner les ardeurs libre-échangistes. Certains objectifs ne peuvent aller avec d’autres. Il semble moins intéressant d’échanger davantage avec ses alliés, surtout lointains, que de rapatrier une production pour se mettre en conformité avec les objectifs de lutte contre la pollution. Les objectifs de réduction des transports, de rapatriement, de circuits-courts viendraient-ils court-circuiter les volontés libérales de l’OMC ? 

 

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